Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/169

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pour moi, avait retrouvé au château un portrait qu’on avait fait d’elle dans sa jeunesse, à qui il est vrai que je ressemblais beaucoup, qu’elle avait mis dans sa chambre, qu’elle montrait à tout le monde.

Comme on m’appelait communément la belle Tervire, il s’ensuivait de ma ressemblance avec le portrait de Mme Dursan, qu’on ne pouvait louer les grâces que j’avais sans louer celles qu’elle avait eues. Je ne faisais point d’impression qu’elle n’eût faite, elle aurait inspiré tout ce que j’inspirais, c’eût été la même chose, témoin le portrait ; et cela la réjouissait encore, toute vieille qu’elle était. L’amour-propre tire parti de tout, il prend ce qu’il peut, suivant l’âge et l’état où nous sommes ; et vous jugez bien que je n’y perdais pas, moi, à lui faire tant d’honneur, et à me montrer ainsi ce qu’elle avait été.

Voilà donc dans quelles circonstances Tervire repartit pour la Bourgogne.

M. Villot, qui croyait ne m’avoir laissée au château que pour une semaine ou deux, revint me chercher le