Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/170

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lendemain du départ de mon oncle ; mais Mme Dursan, qui ne m’avait retenue aussi que pour quelques jours, n’était plus d’avis que je la quittasse.

Parle donc, ma petite, me dit-elle en me prenant à part, t’ennuies-tu ici ? Non, vraiment, ma tante, répondis-je ; mais, en revanche, je pourrai bien m’ennuyer ailleurs. Eh bien ! reste, reprit-elle ; tu seras chez moi encore plus honnêtement que chez Villot, je pense.

C’est ce qui me semble, lui dis-je en riant. J’écrirai donc demain à ta mère que je te garde, ajouta-t-elle ; entre nous, tu n’étais pas là dans une maison convenable à une fille née ce que tu es Mlle de Tervire en pension chez un fermier ! Voilà qui est joli ! Plus joli que d’être pensionnaire d’un pauvre vigneron, comme j’ai pensé l’être, ma tante, lui repartis-je toujours en badinant.

Je le suis bien, ma petite, me répondit-elle ; on me conta avant-hier toute ton histoire, et l’obligation que tu as au bonhomme Villot, que j’estime aussi bien que sa femme. Je suis instruite de tout ce qui te regarde, et je ne dis rien de ta mère ; mais tu as de fort aimables tantes ! Quelle parenté ! Elles sont venues me voir, et je leur rendrai leur visite ; il faudra bien ; tu seras avec moi, c’est un plaisir que je veux me donner.

Mon fermier entra pendant qu’elle me tenait ce discours. Venez, monsieur Villot, lui cria-t-elle ; je parlais de vous tout à l’heure : vous veniez pour emmener Tervire, mais je la retiens ; vous me la cédez