Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

j’entre dans votre douleur. Vous êtes jeune, et vous manquez d’expérience ; vous êtes née avec un bon cœur, avec un cœur simple et sans artifice ; le moyen que vous ne soyez pas pénétrée de l’accident qui vous arrive ? Oui, mademoiselle, plaignez-vous, soupirez, répandez des larmes dans ce premier instant-ci ; moi qui vous parle, je connais votre situation, je l’ai éprouvée, je m’y suis vue, et je fus d’abord aussi affligée que vous ; mais une amie que j’avais, qui était à peu près de l’âge que j’ai à présent, et qui me surprit dans l’état où je vous vois, entreprit de me consoler ; elle me parla raison, me dit des choses sensibles. Je l’écoutai, et elle me consola.

Elle vous consola ! m’écriai-je en levant les yeux au ciel ; elle vous consola, madame ?

Oui, me répondit-elle. Vous ne comprenez pas que cela se puisse, et je pensais comme vous.

Voyons, me dit cette amie, de quoi vous désespérez-vous ? de l’accident du monde le plus fréquent, et qui tire