Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/195

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repartit-il, et je vous supplie pour eux, madame, de leur conserver des intentions si favorables.

À peine eut-il prononcé ce peu de mots, que Mme Dursan resta comme étonnée. Elle garda même un instant de silence.

Votre père est-il encore malade ? lui dit-elle après. Un peu moins depuis hier soir, madame, répondit-il. Eh ! de quelle nature sont ses affaires ? ajouta-t-elle encore.

Il est question, dit-il avec timidité, d’un accommodement de famille, dont il vous instruira lui-même quand il aura l’honneur de vous voir ; mais de certaines raisons ne lui permettent pas de se montrer sitôt. Il est donc connu ici ? lui dit-elle. Non, madame, mais il y a quelques parents, reprit-il.

Quoi qu’il en soit, répondit-elle en prenant mon bras pour l’aider à marcher, j’ai des amis dans le pays, et je vous répète qu’il ne tiendra pas à moi que je ne lui sois utile.

Elle partit là-dessus, et m’obligea de la suivre, contre mon attente, car il me semblait que j’avais encore quelque chose à dire à ce jeune homme, qui, de son côté, paraissait ne m’avoir pas tout dit non plus, et ne croyait pas que je me retirerais si promptement. Je vis dans ses yeux qu’il me regrettait, et je tâchai qu’il vît dans les miens que je voulais bien qu’il revînt, s’il le fallait.

Je suis de ton avis, me dit Mme Dursan quand nous fûmes seules, ce garçon-là est de très bonne mine, et ceux à qui il appartient sont sûrement des gens