Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vous (c’était à nos gens à qui je parlais), et vous, monsieur, ajoutai-je en m’adressant à Dursan le fils, ayez la bonté de venir avec moi chez ma tante.

Il me suivit les larmes aux yeux, et je l’instruisis en chemin de ce que j’allais dire. Mme Dorfrainville allait prendre congé de ma tante, quand nous entrâmes.

Ce ne fut pas sans quelque surprise qu’elles me virent entrer avec ce jeune homme.

Le père de monsieur, dis-je à Mme Dursan la mère, est actuellement dans l’appartement d’en bas, où je l’ai fait mettre au lit : il venait vous remercier avec son fils des offres de service que vous lui avez fait faire, et la fatigue du chemin, jointe à une maladie très sérieuse qu’il a depuis quelques mois, a tellement épuisé ses forces, que nous avons cru tous qu’il expirerait dans votre cour. On est venu dans le jardin où je me promenais m’informer de son état : j’ai couru à lui, et n’ai eu que le temps de faire ouvrir cet appartement, où je l’ai laissé avec Brunon, qui le garde au moment où je vous parle, ma tante. Je le trouve si affaibli que je ne pense pas qu’il passe la nuit.

Ah ! mon Dieu ! monsieur, s’écria sur-le-champ Mme Dorfrainville à Dursan le fils, quoi ! votre père est-il si mal que cela ? (car elle jugea bien qu’il fallait imiter ma discrétion, et se taire sur le nom du malade, puisque je le cachais moi-même).

Ah ! madame, ajouta-t-elle, que j’en suis fâchée ! Vous le connaissez donc ? lui dit ma tante. Oui, vraiment,