Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/244

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vint nous avertir qu’on allait servir ; nous prîmes donc le chemin de la chambre où je viens de vous dire que deux de nos voyageurs étaient d’abord montés.

J’ignorais que notre inconnue se fût séparée, on n’en avait rien dit devant moi ; de sorte qu’en traversant la cour, je la vis dans un cabinet à rez-de-chaussée, dont les fenêtres étaient ouvertes, et on lui apportait à manger dans, le même moment.

Comment ! dis-je à l’officier, est-ce dans ce cabinet que nous dînons ? Nous n’y serons guère à notre aise. Aussi n’est-ce pas là que nous allons, me répondit-il, c’est en haut ; mais cette dame a voulu dîner toute seule.

Il n’y a pas d’apparence qu’elle eût pris ce parti-là si on l’avait priée d’être des nôtres, repris-je ; peut-être s’attendait-elle là-dessus à une politesse que personne de nous ne lui a faite, et je suis d’avis d’aller sur-le-champ réparer cette faute.

Je laissai en effet monter les autres, et me hâtai d’entrer dans ce cabinet. Elle prenait sa serviette, et n’avait pas encore touché à ce qu’on lui avait apporté ; c’était un potage et de l’autre côté un peu de viande bouillie sur une assiette.

J’avoue qu’un repas si frugal m’étonna : elle rougit elle-même. que j’en fusse témoin, mais lui cachant ma surprise : Eh quoi ! madame, lui dis-je, vous nous quittez ! Nous n’aurons pas l’honneur de dîner avec vous ? Nous ne souffrirons pas cette séparation-là, s’il vous