Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/253

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qu’à retourner au logis, et nous irons à la place Royale après dîner, d’autant plus que j’ai moi-même affaire de ces côtés-là. Comme vous voudrez, lui répondis-je d’un air inquiet et agité.

Et nous revînmes à la maison.

Vous voilà bien rêveuse, me dit en chemin Mme Darcire ; à quoi pensez-vous donc ? Est-ce la mort de votre beau-père qui vous afflige ?

Non, lui dis-je, je ne pourrais en être touchée que pour ma mère, que cet accident intéresse peut-être de plus d’une façon ; mais ce qui m’occupe à présent, c’est le chagrin de ne la point voir, et de n’être pas sûre que je la trouverai chez son fils, puisqu’on vient de nous dire qu’on ne croit pas qu’elle y loge. Ce n’est pas là un grand inconvénient, me dit-elle ; si elle n’y loge pas, nous irons chez elle.

Mme Darcire fit arrêter chez quelques marchands pour des emplettes ; nous rentrâmes ensuite au logis ; trois quarts d’heure après le dîner, nous remontâmes en carrosse avec son homme d’affaires qui venait d’arriver, et nous prîmes le chemin de la place Royale, où cette dame, par égard pour mon impatience, voulut me mener d’abord, dans l’intention de m’y laisser si nous y trouvions ma mère, d’aller de là à ses propres affaires, et de revenir me reprendre sur le soir s’il le fallait.

Mais ce n’était pas la peine de nous arranger là-dessus, et mes inquiétudes ne devaient pas finir sitôt. Ni mon frère, ni ma belle-sœur, c’est-à-dire ni M. le marquis, ni sa femme, n’étaient chez eux. Nous