Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/254

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sûmes de leur suisse que, depuis huit jours, ils étaient partis pour une campagne à quinze ou vingt lieues de Paris. Quant à ma mère, elle ne logeait point avec eux, et on ignorait sa demeure ; tout ce qu’on pouvait m’en dire, c’est que ce jour-là même elle était venue à onze heures du matin pour voir son fils, dont elle ne savait pas l’absence ; qu’elle avait paru fort surprise et fort affligée de le trouver parti ; qu’elle arrivait elle-même de campagne, à ce qu’elle avait dit, et qu’elle s’était retirée sans laisser son adresse.

Ace récit, je retombai dans ces frayeurs dont je vous ai parlé, et je ne pus m’empêcher de soupirer, Vous dites donc qu’elle était affligée du départ de M. le marquis ? répondis-je à cet homme. Oui, mademoiselle, me repartit-il, c’est ce qui m’en a semblé. Eh ! Comment est-elle venue ici ? ajoutai-je par je ne sais quel esprit de méfiance sur sa situation, et comme cherchant à tirer des conjectures sur ce qu’on allait me répondre ; était-elle dans son équipage, ou dans celui d’un de ses amis ?

Oh ! d’équipage, me répondit-il, vraiment, mademoiselle, elle n’en a point : elle était toute seule, et même assez fatiguée ; car elle s’est reposée ici près d’un quart d’heure.

Toute seule, et sans voiture ! m’écriai-je, la mère de M. le marquis ? Voilà qui est bien horrible ! Ce n’est pas ma faute, et je ne saurais dire autrement, me repartit-il. Au surplus, je ne me mêle point de ces choses-là, et je réponds seulement à ce que vous me demandez.