Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/256

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répondis que par un soupir, et nous nous éloignâmes.

Il m’aurait été bien aisé, dans le quartier où nous étions alors, d’aller chercher cette dame avec qui nous avions voyagé, à qui j’avais prêté de l’argent, et de qui je devais savoir des nouvelles chez le marquis de Viry, rue Saint-Louis, à ce qu’elle m’avait dit : mais dans ce moment-là je ne pensai point à elle ; je n’étais occupée que de ma mère, que de mes tristes soupçons sur son état, et que de l’impossibilité où je me voyais de l’embrasser.

Mme Darcire fit tout ce qu’elle put pour rassurer mon esprit, et pour dissiper mes alarmes. Mais cette mère, qui était venue à pied chez son fils, que sa lassitude avait obligée de se reposer ; cette mère qui faisait si peu de figure, qui était si enterrée que les gens mêmes de son fils ne savaient pas sa demeure, me revenait toujours dans la pensée.

De la place Royale, nous allâmes chez le procureur de Mme Darcire ; de là dans une maison où l’on avait mis le scellé, et qui avait appartenu à la personne dont elle était héritière ; elle y demeura près d’une heure et demie ; et puis nous rentrâmes au logis avec ce procureur, à qui elle devait donner quelques papiers dont il avait besoin pour elle.

Cet homme, pendant que nous étions dans le carrosse, parla de quelqu’un qui demeurait au Marais, et qu’il devait voir le lendemain, au sujet de la succession de Mme Darcire. Comme c’était là le quartier du marquis, et celui où j’avais espéré de trouver ma mère, je lui demandai s’il ne la connaissait