Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

m’arriver. Jugez de mon étonnement quand j’ai trouvé M. de Valville au parloir.

Vous vous êtes donc retirée ? lui dis-je d’une voix faible et tremblante. Vraiment, je n’y aurais pas manqué, me répondit-elle en rougissant ; mais dès que je l’ai vu, je n’ai pu résister à un mouvement de colère qui m’a prise, et qui était bien naturel ; n’auriez-vous pas été comme moi ? Non, lui dis-je ; il y aurait eu beaucoup plus de colère à vous en aller.

Peut-être bien, reprit-elle : mais mettez-vous à ma place avec l’opinion que j’avais de lui.

Ce terme que j’avais me fit peur, il n’était pas de bon augure.

Vous êtes bien hardi, monsieur, lui ai-je dit (c’est elle lui parle), de venir encore me surprendre après la lettre que vous m’avez écrite, et que vous ne m’avez fait recevoir qu’en me trompant. En venez-vous chercher la réponse ? La voici, monsieur ; c’est que votre lettre et que vos visites m’offensent, et que le petit service que vous m’avez rendu, dont je vous savais gré, ne vous dispensait pas d’observer les égards que vous me devez, surtout dans les circonstances de l’engagement où vous êtes avec une jeune personne que vous ne pouvez quitter sans perfidie. C’est elle que vous avez