Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/29

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à voir ici, monsieur, et non pas moi, qui ne suis point faite pour être l’objet d’une galanterie aussi injurieuse.

Voilà ce que j’étais bien aise de lui dire avant que de le quitter, ajouta-t-elle ; après quoi j’ai fait quelques pas pour le laisser là, sans daigner l’écouter, et j’allais sortir, quand je lui ai entendu dire : Ah ! mademoiselle, vous me désespérez ! et cela avec un cri si douloureux et si emporté, que j’ai cru devoir m’arrêter, dans la crainte qu’il ne criât encore, et que cela ne fît une scène ; ce qui aurait été fort désagréable.

Oh ! non, lui dis-je ; il n’extravague pas. Il était inutile d’être si prudente.

Vous m’excuserez, me répondit-elle un peu confuse, vous m’excuserez. La tourière, ou quelqu’un de la cour, n’avait qu à venir au bruit, et je n’aurais su que dire. Ainsi il était plus sage de rester pour un moment, car je ne croyais pas que ce fût pour davantage.

Eh bien ! monsieur, que voulez-vous ? lui ai-je dit toujours du même ton. Je n’ai rien à savoir de vous.

Hélas ! mademoiselle, je n’ai, je vous jure, qu’un seul mot à vous dire ; qu’un seul mot. Revenez, je vous prie, m’a-t-il répondu avec un air si effaré, si ému, qu’il n’y a pas eu moyen de poursuivre mon chemin ; c’était trop risquer.

Je me suis donc avancée. Voyons donc, monsieur, de quoi il s’agit.

Je venais vous informer, a-t-il repris, que ma mère passera ici entre midi et une heure, dans le