Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/406

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Tu n’as que faire de me chercher un mari, tu peux en devenir un, n’es-tu pas du bois dont on les fait ? Laissons-là le bois, lui dis-je, c’est un mot de mauvais augure. Quant au reste, continuai-je, ne voulant pas la brusquer, s’il ne tenait qu’à être votre mari, je le serais tout à l’heure et je n’aurais peur que de mourir de trop d’aise. Est-ce que vous en doutez ? N’y a-t-il pas un miroir ici ? Regardez-vous, et puis vous m’en direz votre avis. Tenez, ne faut-il pas bien du temps pour s’aviser si on dira oui avec mademoiselle ? Vous n’y songez pas vous-même avec votre avisement. Ce n’est pas là la difficulté.

Eh ! où est-elle donc ? reprit-elle d’un air avide et content. Oh ! ce n’est qu’une petite bagatelle, lui dis-je ; c’est que l’amitié de monsieur pourrait bien me procurer des coups de bâton, si j’allais lui souffler son amie. J’ai déjà vu de ces amitiés-là, elles n’entendent pas raillerie ; et puis que feriez-vous d’un mari si maltraité ?

Quelle imagination vas-tu te mettre dans l’esprit ? me dit-elle, je gage que si monsieur sait que je t’aime, il sera charmé que je t’épouse, et qu’il voudra lui-même faire les frais de notre mariage.

Ce ne serait pas la peine, lui dis-je, je les ferais bien moi-même ; mais, par ma foi, je n’ose aller en