Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/413

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dites-moi franchement la vérité ; est-ce qu’un monsieur a besoin de femme de chambre ? Et quand il en a une, est-ce elle qui le déshabille ? Je crois que c’est tout le contraire.

Oh ! pour le coup, me dit-il, vous parlez net, Jacob, et je vous entends ; tout paysan que vous êtes, vous ne manquez pas d’esprit. Écoutez donc attentivement ce que je vais vous dire à mon tour.

Tout ce que vous vous imaginez de Geneviève est faux ; mais supposons qu’il soit vrai : vous voyez les personnes qui viennent me voir, ce sont tous gens de considération, qui sont riches, qui ont de grands équipages.

Savez-vous bien que parmi eux il y en a quelques-uns qu’il n’est pas nécessaire de nommer, et qui ne doivent leur fortune qu’à un mariage qu’ils ont fait avec des Genevièves ?

Or croyez-vous valoir mieux qu’eux ? Est-ce la crainte d’être moqué qui vous retient ? Et par qui le serez-vous ? Vous connaît-on, et êtes-vous quelque chose dans la vie ? Songera-t-on à votre honneur ? S’imagine-t-on seulement que vous en ayez un, benêt que vous êtes ? Vous ne risquez qu’une chose, c’est d’avoir autant d’envieux de votre état, qu’il y a de gens de votre sorte qui vous connaissent. Allez, mon enfant, l’honneur de vos pareils, c’est d’avoir de quoi vivre, et de quoi se retirer de la bassesse de leur condition, entendez-vous ? Le dernier des hommes ici-bas, est celui qui n’a rien.

N’importe, monsieur, lui répondis-je d’un air entre