Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/429

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mon neveu, je comptais avoir soin de toi ; mais puisque aujourd’hui je ne puis rien, ne reste point, ta condition est trop peu de chose, tâche d’en trouver une meilleure, et ne perds point courage, tu as un bon cœur qui ne demeurera pas sans récompense.

J’insistai, mais elle voulut absolument que je la quittasse, et je me retirai en vérité fondant en larmes.

De là, je me rendis à ma chambre pour y faire mon paquet ; en y allant, je rencontrai le précepteur de mon petit maître, qui escortait déjà ses ballots. Son disciple pleurait en lui disant adieu et pleurait tout seul. Je pris aussi congé du jeune enfant, qui s’écria d’un ton qui me fendit le cœur : Hé quoi ! tout le monde me quitte donc ?

Je ne repartis à cela que par un soupir ; je n’avais que cette réponse-là à ma disposition, et je sortis chargé de mon petit butin sans dire gare à personne. Je pensai pourtant aller dire adieu à Geneviève ; mais je ne l’aimais plus, je ne faisais que la plaindre, et peut-être que, dans la conjoncture où nous nous trouvions, il était plus généreux de ne me pas présenter à elle.

Mon dessein au sortir de chez ma maîtresse fut d’abord de m’en retourner à mon village ; car je ne savais que devenir, ni où me placer.

Je n’avais pas de connaissance, point d’autre métier que celui de paysan ; je savais parfaitement semer, labourer la terre, tailler la vigne, et voilà tout.

Il est vrai que mon séjour à Paris avait effacé beaucoup