Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

croyais ; elle se remet à merveille, et n’est presque pas changée.

Je ne sais plus ce que je répondis. Valville était à côté de Mme Dorsin, et souriait en me regardant, comme s’il avait eu beaucoup de plaisir à me voir aussi. Ma fille, me dit Mme de Miran, tu ne t’es donc point habillée ? J’avais envoyé Valville pour te dire que je venais te chercher.

À ce discours, qu’elle me tenait de l’air du monde le plus affectueux, à ce nom de ma fille, qu’elle me donnait de si bonne foi, je laissai tomber quelques larmes, et en même temps je m’aperçus que Valville rougissait ; je ne sais pourquoi. Peut-être eut-il honte de me voir si inutilement attendrie, et de penser que ce doux nom de ma fille n’aboutirait à rien.

En vérité, votre fille vous aime trop pour l’état de convalescente où elle est, dit alors Mme Dorsin ; elle n’a besoin ni de ces petits mouvements, ni de ces émotions de cœur qui lui prennent, et j’ai peur que cela ne lui nuise. Laissez-la se rétablir parfaitement, et puis qu’elle pleure tant qu’elle voudra de joie de vous voir ; mais jusque-là point d’attendrissement, s’il vous plaît. Allons, mademoiselle, tâchez de vous réjouir ; et partons, car il se fait tard.

J’attends Mlle Varthon, reprit Mme de Miran. Pour toi, ajouta-t-elle, nous t’emmènerons comme tu es ; il n’est pas nécessaire que tu remontes chez toi, n’est-ce pas ?

Hélas ! malgré toute l’envie que nous avons de l’avoir, je tremble qu’elle ne puisse venir, dit promptement Valville,