Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/44

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qui, sous prétexte de s’intéresser à ma santé, ne voulait apparemment que me fournir une excuse dont il espérait que je profiterais ; mais il se trompa.

Vous m’excuserez, monsieur, répondis-je, je ne me porte point mal ; et puisque madame veut bien me dispenser de m’habiller (notez que ce madame était pour ma mère), je serai charmée d’aller avec elle.

Qu’est-ce que c’est que madame ? reprit en riant Mme de Miran ; à qui parles-tu ? Ta maladie t’a rendue bien grave ! Dites respectueuse, ma mère ; et je ne saurais trop l’être, répartis-je avec un soupir que je ne pus retenir, qui n’échappa point à Mme Dorsin, et qui confondit l’inquiet et coupable Valville ; il en perdit toute contenance ; et en effet, il y avait de quoi. Ce soupir, avec ce respect dans lequel je me retranchais, n’avait point l’air d’être là pour rien. Mme Dorsin remarqua aussi qu’il en avait été troublé ; je le vis à la façon dont elle nous observait tous deux.

Mme de Miran allait peut-être me répondre encore quelque chose, quand Mlle Varthon entra dans un négligé fort décent et fort bien entendu.

Comme elle avait prévu que, malgré mes chagrins, je pourrais être de la : partie du dîner, elle s’était sans doute abstenue, à cause de moi, de se parer davantage, et s’était contentée d’un ajustement fort simple, qui semblait exclure tout dessein de plaire, ou qui, raisonnablement parlant, ne me laissait aucun sujet de l’accuser de ce dessein.