Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/432

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Il était cuisinier dans une bonne maison, et me voilà en chemin pour l’aller trouver.

Je passais le Pont-Neuf entre sept et huit heures du matin, marchant fort vite à cause qu’il faisait froid, et n’ayant dans l’esprit que mon homme.

Quand je fus près du cheval de bronze, je vis une femme enveloppée dans une écharpe de gros taffetas uni, qui s’appuyait contre les grilles et qui disait : Ah ! je me meurs !

À ces mots que j’entendis, je m’approchai d’elle pour savoir si elle n’avait pas besoin de secours. Est-ce que vous vous trouvez mal, madame ? lui dis-je. Hélas, mon enfant, je n’en puis plus, me répondit-elle ; il vient de me prendre un grand étourdissement et j’ai été obligée de m’appuyer ici.

Je l’examinai un peu pendant qu’elle me parlait, et je vis une face ronde, qui avait l’air d’être succulemment nourrie, et qui, à vue de pays, avait coutume d’être vermeille quand quelque indisposition ne la ternissait pas.

À l’égard de l’âge de cette personne, la rondeur de son visage, sa blancheur et son embonpoint empêchaient qu’on en pût bien décider.

Mon sentiment, à moi, fut qu’il s’agissait d’une