Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/436

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que j’aime beaucoup, qui m’aime de même ; nous vivons retirées, mais à notre aise, grâce à la bonté divine, et avec une cuisinière âgée qui est une honnête fille. Avant-hier nous nous défîmes d’un garçon qui ne nous convenait point ; nous avions remarqué qu’il n’avait point de religion ; aussi était-il libertin ; et je suis sortie ce matin pour prier un ecclésiastique de nos amis, de nous en envoyer un qu’il nous avait promis. Mais ce domestique a trouvé une maison qu’il ne veut pas quitter, parce qu’il y est avec un de ses frères, et il ne tiendra qu’à vous de tenir sa place, pourvu que vous ayez quelqu’un qui nous réponde de vous.

Hélas ! madame, sur ce pied-là, lui dis-je, je ne puis profiter de votre bonne volonté ; car je n’ai personne ici qui me connaisse. Je n’ai été que dans la maison dont je vous ai parlé, où je n’ai fait ni bien ni mal : madame y avait pris de l’affection pour moi ; mais à cette heure elle est retirée dans un couvent, je ne sais lequel ; et cette bonne dame-là, avec un cuisinier de mon pays qui est ici, mais qui n’est pas digne de me présenter à des personnes comme vous, voilà toutes les cautions que j’ai ; si vous me donnez le temps de chercher la dame, je suis sûr que vous serez contente de son rapport. Pour maître Jacques le cuisinier, ce qu’il vous dira de moi ira par-dessus le marché.

Mon enfant, me dit-elle, j’aperçois une sincérité dans ce que vous me dites, qui doit vous tenir lieu de répondant.