Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/440

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en colère et ardente ; ce qui lui venait apparemment de la chaleur que son cerveau contractait auprès du feu de sa cuisine et de ses fourneaux, sans compter que le cerveau d’une dévote, et d’une dévote cuisinière, est naturellement sec et brûlé.

Je n’en dirais pas tant de celui d’une pieuse ; car il y a bien de la différence entre la véritable piété et ce qu’on appelle communément dévotion.

Les dévots fâchent le monde, et les gens pieux l’édifient ; les premiers n’ont que les lèvres de dévotes, c’est le cœur qui l’est dans les autres ; les dévots vont à l’église simplement pour y aller, pour avoir le plaisir de s’y trouver, et les pieux pour y prier Dieu ; ces derniers ont de l’humilité, les dévots n’en veulent que dans les autres. Les uns sont de vrais serviteurs de Dieu, les autres n’en ont que la contenance. Faire oraison pour se dire : Je la fais ; porter à l’église des livres de dévotion pour les manier, les ouvrir et les lire ; se retirer dans un coin, s’y tapir