Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/445

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une centaine de Dieu soit béni ! et que le ciel nous assiste ! qui servaient tantôt de refrain, tantôt de véhicule à ses discours.

Apparemment que cela faisait partie de sa dévotion verbale ; mais peu m’importait ; ce qui est de sûr, c’est que je ne déplus point à la bonne dame, non plus qu’à ses maîtresses ; surtout à Mmme Habert la cadette, comme on le verra dans la suite.

J’achevai de déjeuner en attendant la réponse que m’apporterait Catherine, qui descendit bientôt, et qui me dit : Allons, notre ami ; il ne vous manque plus que votre bonnet de nuit, attendu que votre gîte est ici.

Le bonnet de nuit, nous l’aurons bientôt, lui dis-je ; pour mes pantoufles, je les porte actuellement. Fort bien, mon gaillard, me dit-elle, allez donc quérir vos hardes, afin de revenir dîner ; pendant que vous déjeuniez, vos gages couraient, c’est moi qui l’ai conclu. Courent-ils en bon nombre ? repris-je. Oui, oui, me dit-elle en riant ; je t’entends bien, et ils vont un train fort honnête. Je m’en fie bien à vous, répondis-je, je ne veux pas seulement y regarder, et je vais gager que je suis mieux que je ne mérite, grâce à vos bons soins.

Ah ! le bon apôtre ! me dit-elle, toute réjouie de la franchise que je mettais dans mes louanges ; c’est Baptiste tout revenu, il me semble que je l’entends : alerte, alerte, j’ai mon dîner à faire, ne m’amuse pas, laisse-moi travailler, et cours chercher ton équipage ; es-tu revenu ? Autant vaut, lui dis-je en sortant,