Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/444

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vous direz mieux quand vous m’aurez regardé de plus près ; je ne vaux plus rien qu’à faire mon salut, et c’est bien de la besogne : Dieu veuille que je l’achève !

En disant ces mots, elle tira ses œufs, que je voulus porter en haut : Non, non, me dit-elle ; déjeunez en repos, afin que cela vous profite ; je vais voir un peu ce qu’on pense de vous là-haut ; je crois que vous êtes notre fait, et j’en dirai mon avis : nos demoiselles ordinairement sont dix ans à savoir ce qu’elles veulent, et c’est moi qui ai la peine de vouloir pour elles. Mais ne vous embarrassez pas, j’aurai soin de tout ; je me plais à servir mon prochain, et c’est ce qu’on nous recommande au prône.

Je vous rends mille grâces, madame Catherine, lui dis-je, et surtout souvenez-vous que je suis un prochain qui ressemble à Baptiste. Mais mangez donc, me dit-elle, c’est le moyen de lui ressembler longtemps en ce monde ; j’aime un prochain qui dure, moi. Et je vous assure que votre prochain aime à durer, lui dis-je, en la saluant d’un rouge-bord que je bus à sa santé.

Ce fut là le premier essai que je fis du commerce de Mme Catherine, des discours de laquelle j’ai retranché