Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/456

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attendait pourtant dans sa cuisine ; mais n’importe, je remontai doucement l’escalier. J’avais fermé la porte de la chambre, et j’en approchai mon oreille le plus près qu’il me fut possible.

Mon aventure avec Mlle Habert la cadette fut bientôt racontée ; de temps en temps je regardais à travers la serrure, et de la manière dont le directeur était placé, je voyais son visage en plein, aussi bien que celui de la sœur cadette.

Je remarquai qu’il écoutait le récit qu’on lui faisait d’un maintien froid, pensif, et tirant sur l’austère.

Ce n’était plus cette physionomie si douce, si indulgente qu’il avait quand il était entré dans la chambre ; il ne faisait pas encore la mine, mais je devinais qu’il allait la faire, et que mon aventure allait devenir un cas de conscience.

Quand il eut tout entendu, il baissa les yeux en homme qui va porter un jugement de conséquence, et donner le résultat d’une réflexion profonde.

Et puis : Vous avez été bien vite, mesdames, dit-il en les regardant toutes deux avec des yeux qui rendaient le cas grave et important, et qui disposaient mes maîtresses à le voir presque traiter de crime.

À ces premiers mots qui ne me surprirent point, car je ne m’attendais pas à mieux, la sœur cadette rougit, prit un air embarrassé, mais à travers lequel on voyait du mécontentement.

Vous avez été bien vite, reprit-il encore une fois. Eh ! quel mal peut-il y avoir là-dedans, reprit cette cadette d’un ton à-demi timide et révolté, si c’est un