Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/467

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Le bruit continua : Il faut que j’y monte, dit-elle ; je gage que c’est quelque cas de conscience qui leur tourne la cervelle. Bon ! lui dis-je, un cas de conscience. Est-ce qu’il n’y a pas un casuiste avec elles ? Il peut bien mettre le holà ; il doit savoir la Bible et l’Evangile par cœur. Hé ! oui, me dit-elle en se levant ; mais cette Bible et cet Evangile ne répondent pas à toutes les fantaisies musquées des gens, et nos bonnes maîtresses en ont je ne sais combien de celles-là ; attendez-moi en mangeant, je vais voir ce que c’est. Et elle monta.

Pour moi, je suivis ses ordres à la lettre, et je continuai de dîner comme elle me l’avait recommandé, d’autant plus que j’étais bien aise, comme je l’ai déjà dit, de me munir toujours d’un bon repas, dans l’incertitude où j’étais de ce qui pourrait m’arriver de tout ce tapage.

Cependant Catherine ne revenait point, et j’avais achevé de dîner ; j’entendais quelquefois sa voix primer sur celle des autres ; elle était reconnaissable par un ton brusque et décisif. Le bruit continuait et même augmentait.

Je regardais mon paquet que j’avais porté le même jour dans cette maison, et qui était resté dans un coin de la cuisine : J’ai bien la mine de te reporter, disais-je en moi-même, et j’ai bien peur que ceci n’arrête tout court les bons gages qu’on m’a promis et qui courent de ce matin.

C’étaient là les pensées dont je m’entretenais, quand il me sembla que le tintamarre baissait.