Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/502

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Enfin nos dames s’en allèrent, chassées par les bâillements de Mlle Habert, qui en fit à la fin de très vrais, peut-être pour en avoir fait de faux.

Et moi je sortais avec nos hôtesses pour me retirer décemment chez moi, quand la cousine me rappela.

Monsieur de la Vallée, cria-t-elle, attendez un instant, j’ai une commission à vous donner pour demain. Et là-dessus je rentrai en souhaitant le bonsoir à la mère et à la fille, honoré moi-même de leur révérence, et surtout de celle d’Agathe qui ne confondit pas la sienne avec celle de sa mère, qui la fit à part afin que je la distinguasse, et que je prisse garde à tout ce qu’elle y mit d’expressif et d’obligeant pour moi.

Quand je fus rentré chez Mlle Habert, et que nous fûmes seuls, je présumai qu’il allait être question de quelque réflexion chagrine sur nos aventures de table et sur l’avantage que j’avais eu d’y paraître si amusant.

Cependant je me trompai ; mais non pas sur les intentions, car ce qu’elle me dit marquait que ce n’était que partie remise.

Notre joyeux cousin, me dit-elle, j’ai à vous parler ; mais il est trop tard et heure indue, ainsi, différons la conversation jusqu’à demain ; je me lèverai plus matin qu’à l’ordinaire pour ranger quelques hardes qui sont dans ces paquets, et je vous attendrai entre huit et neuf dans ma chambre, afin de voir quelles mesures nous devons prendre sur mille choses que j’ai dans l’esprit, entendez-vous ? N’y manquez pas ; car