Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/503

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notre hôtesse a tout l’air de venir demain savoir des nouvelles de ma santé, et peut-être de la vôtre, et nous n’aurions pas le temps de nous entretenir, si nous ne prévenions pas la fureur de ses politesses.

Ce petit discours, comme vous voyez, était un prélude d’humeur jalouse, ou du moins inquiète ; ainsi je ne doutai pas un instant du sujet d’entretien que nous traiterions le lendemain.

Je ne manquai pas au rendez-vous ; j’y fus même un peu plus tôt qu’elle ne me l’avait dit, pour lui témoigner une impatience qui ne pouvait que lui être agréable : aussi m’aperçus-je qu’elle m’en sut bon gré.

Ah ! voilà qui est bien, dit-elle en me voyant ; vous êtes exact, monsieur de la Vallée. N’avez-vous vu encore aucune de nos hôtesses depuis que vous êtes levé ? Bon ! lui dis-je, je n’ai pas seulement songé si elles étaient au monde ; est-ce que nous avons affaire ensemble ? J’avais, ma foi, bien autre chose dans la tête !

Eh ! qu’est-ce donc qui vous a occupé ? reprit-elle. Notre rendez-vous, lui dis-je, que j’ai eu toute la nuit dans la pensée.

Je n’ai pas laissé que d’y rêver aussi, me dit-elle ; car ce que j’ai à te dire, La Vallée, est de conséquence pour moi. Eh ! mardi, ma chère cousine, repartis-je là-dessus, faites donc vite, vous me rendez malade d’inquiétude. Dès que le sujet regarde votre personne, je ne saurais plus durer sans le savoir ; est-ce qu’il y a quelque chose qui vous fait peine ? Y a-t-il du remède ?