Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/522

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vieillesse : et je courus, en disant ces mots, détacher un petit miroir qui était accroché à la tapisserie. Tenez, lui dis-je, regardez vos quarante-cinq ans, pour voir s’ils ne ressemblent pas à trente, et gageons qu’ils en approchent plus que vous ne dites.

Non, mon cher enfant, reprit-elle ; j’ai l’âge que je viens de dire, et il est vrai que presque personne ne me le donne. Ce n’est pas que je me vante d’être ni fraîche, ni jolie, quoiqu’il n’ait tenu qu’à moi d’être bien cajolée ; mais je n’ai jamais pris garde à ce qu’on m’a dit là-dessus.

Nous n’eûmes pas le temps d’en dire davantage, car Agathe arriva.

Hélas ! mademoiselle, s’écria-t-elle en entrant à Mlle Habert, vous me prenez donc pour une causeuse, puisque vous n’avez pas voulu que je susse ce que vous avez dit à ma mère ? Elle dit qu’elle s’en va pour vous chez son notaire, et puis de là à la paroisse. Est-ce pour un mariage ?

À ce mot de mariage, Mlle Habert rougit sans savoir que répondre. C’est pour un contrat, dis-je en prenant la parole, et il faut même à cause de cela que j’écrive tout à l’heure une lettre qui presse. Ce que je dis exprès afin que la petite fille nous laissât en repos ; car je sentais que sa présence