Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/523

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pesait à Mlle Habert, qui ne pouvait revenir de la surprise où la jetait la conduite étourdie de la mère.

Et sur-le-champ je cherchai du papier et me mis en effet à écrire à mon père ; Mlle Habert faisait semblant de me dicter tout bas ce que j’écrivais ; de façon qu’Agathe sortit.

Toute indiscrète qu’était la mère, elle nous servit pourtant à merveilles. En un mot, toutes les mesures furent prises, nous eûmes le surlendemain un ban de publié. L’après-midi du même jour nous allâmes chez le notaire, où le contrat fut dressé : Mlle Habert m’y donna tout ce qu’elle avait pour en jouir pendant ma vie. Le consentement de mon père arriva quatre jours après, et nous étions à la veille de nos noces secrètes, quand, pour je ne sais quoi, dont je ne me ressouviens plus, nous fûmes obligés d’aller parler à ce prêtre de la connaissance de notre hôtesse. C’était lui qui devait nous marier le lendemain, c’est-à-dire pendant la nuit, et qui s’était même chargé d’une quantité de petits détails par considération pour notre hôtesse, à qui il avait quelque obligation.

Ce fut Mlle Habert qui donna le soir à souper à celle-ci, à sa fille et à quatre témoins. On était convenu qu’on sortirait de table à onze heures ; que la mère et la fille se retireraient dans leur appartement, qu’on laisserait coucher Agathe, et qu’à deux heures après minuit, nous partirions, notre hôtesse, les quatre témoins ses amis, Mlle Habert et moi, pour aller à l’église.