Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/57

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Il s’était élevé un petit vent assez incommode. Rentrons, dit Mme de Miran ; et nous marchâmes du côté de la salle.

Je m’aperçus que Mme Dorsin, qui avait la bonté de s’intéresser réellement à. moi, et qui, dans de certains soupçons qui lui étaient venus, avait pris garde à toutes nos démarches, je m’aperçus, dis-je, qu’elle fixait les yeux sur Valville, qui, de son côté, détournait la tête. Sa physionomie n’était pas encore bien remise de tous les mouvements qu’il avait essuyés.

Mme de Miran même, qui ne se doutait de rien, lui trouva apparemment quelque chose de si dérangé dans l’air de son visage, que, s’approchant de moi :

Ma fille, me dit-elle en baissant le ton, Valville me paraît triste et rêveur ; que s’est-il passé entre vous deux ? Que lui as-tu dit ?

Rien dont il n’ait dû être fort content, ma mère, lui répondis-je. Et j’avais raison, il n’avait en effet qu’à se louer de moi. Je vais lui rendre sa gaieté, j’y suis déterminée, me repartit-elle sans s’expliquer davantage. Et en ce moment nous rentrâmes tous.

Quand nous fûmes assis : Mademoiselle, me dit Mme de Miran, Mlle Varthon est une amie devant qui on peut parler, je pense, du mariage qui est arrêté entre vous et mon fils ; j’espère même qu’elle nous fera l’honneur d’y être présente ; ainsi je ne ferai nulle difficulté de m’expliquer devant elle.

À ce début, la jeune personne changea de couleur ; elle en