Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/83

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Elle ne manqua pas au rendez-vous ; je débutai par l’instruire du nouveau parti qui s’offrait, qui était digne d’attention, mais sur lequel j’étais combattue par cette pensée que je viens de dire, qui était de renoncer au monde, et de me fixer dans l’état tranquille qu’elle avait embrassé elle-même.

Quoi ! vous faire religieuse ! s’écria-t-elle. Oui, lui répondis-je, ma vie est sujette à trop d’événements ; cela me fait peur. L’infidélité de Valville m’a dégoûtée du monde. La Providence m’a fourni de quoi me mettre à l’abri de tous les malheurs qui m’y attendent peut-être (je parlais de mon contrat) ; du moins je vivrais ici en repos, et n’y serais à charge à personne.

Une autre que moi, reprit-elle, applaudirait tout d’un coup à votre idée ; mais comme je puis encore passer une heure avec vous, je suis d’avis, avant que de vous répondre, de vous faire un petit récit des accidents de ma vie ; vous en serez plus éclairée sur votre situation ; et si vous persistez à vouloir être religieuse, du moins saurez-vous mieux la valeur de l’engagement que vous prendrez. Après ces mots, voici comme elle commença, ou plutôt voici ce qu’elle nous dira dans l’autre partie[1].

  1. Voici comme elle commença, ou plutôt voici ce qu’elle nous dira dans l’autre partie. L’auteur, en suspendant son récit, laisse Marianne beaucoup plus calme et dans une situation plus heureuse qu’à la fin du livre précédent. Il est vrai que le mariage des deux jeunes amans est regardé comme tout-à-fait rompu ; mais rien ne relève une héroïne délaissé comme l’hommage d’un nouvel ado-