Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

davantage, quand même vous me refuseriez ; ce qui ne me ferait aucun tort, et ne signifierait rien, sinon que vous valez mieux que moi. Mais il est temps de vous quitter ; dans une heure au plus tard, ces dames vont venir vous prendre : vous n’êtes point habillée, et je vous laisse, en attendant de vous revoir chez Mme Dorsin. Adieu, mademoiselle : je ferai des réflexions, puisque vous le voulez, et seulement pour vous contenter ; mais je ne suis pas en peine de celles qui me viendront, je ne m’inquiète que des vôtres ; et d’aujourd’hui en huit, je suis ici à pareille heure dans votre parloir, pour vous en demander le résultat, et de celles de Mme de Miran, qui me seront peut-être favorables.

Et là-dessus il se retira, sans que je lui répondisse autrement qu’en le saluant de l’air le plus affable et le plus reconnaissant qu’il me fut possible.

Je rentrai dans ma chambre, où je me hâtai de m’habiller. Ces dames arrivèrent ; je montai en carrosse pour aller dîner chez Mme Dorsin, de chez qui je revins assez tard, sans avoir encore rien appris à Mme de Miran de mon aventure avec l’officier. Ma mère, vous reverrai-je bientôt ? lui dis-je. Demain dans l’après-dînée, me répondit-elle en m’embrassant ; et nous nous quittâmes. Je ne parlai ce soir-là qu’à ma religieuse, que je priai de venir le lendemain matin dans ma chambre. Je voulais lui confier et la visite de l’officier, et une certaine pensée qui m’était venue depuis deux ou trois jours, et qui m’occupait.