Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/87

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Dès que mon récit peut servir à vous distraire de vos chagrins, me répondit-elle, je n’hésiterai point à lui donner toute son étendue, et je vous promets d’avance qu’il sera long.

Avant que j’en vienne à ce qui me regarde, il faut que je vous dise un mot du mariage de mon père et de ma mère, puisque c’est la manière dont il se fit qui vraisemblablement a décidé de mon sort.

Je suis la fille d’un gentilhomme d’ancienne race très distinguée dans le pays, mais peu connue dans le monde ; son père, quoique assez riche, était un de ces gentilshommes de province qui vivent à la campagne et n’ont jamais quitté leur château.

M. de Tervire (c’était son nom) avait deux fils ; c’est à l’aîné à qui je dois le jour.

Mlle de Tresle (c’est ainsi que s’appelait ma mère), d’aussi bonne maison que lui, et qui était pensionnaire d’un couvent où elle avait été élevée, en sortit à l’âge de dix-neuf à vingt ans pour assister au mariage d’un de ses parents ; ce fut en cette occasion