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mer madame Dutour ; et d’ailleurs, qu’est-ce que Valville aurait pensé de moi, si j’avais été ma maîtresse au point de n’avoir à rendre compte à personne de ce que j’étais devenue ? Tant d’indépendance n’aurait pas eu bonne grâce : il n’était pas convenable d’être hors de toute tutelle à mon âge, surtout avec la figure que j’avais ; car il n’y a pas trop loin d’être si aimable à n’être plus digne d’être aimée. Voilà l’inconvénient qu’il y a d’avoir un joli visage ; c’est qu’il nous donne l’air d’avoir tort quand nous sommes un peu soupçonnées, et qu’en mille occasions il conclut contre nous.

Il conclura pourtant ce qu’il voudra, cela ne nous dégoûtera pas d’en avoir un ; en un mot, on plait avec un joli visage, on inspire ou de l’amour ou des désirs. Est-ce de l’amour ? fût-on de l’humeur la plus austère, il est le bien venu. Le plaisir d’être aimée trouve toujours sa place ou dans notre cœur ou dans notre petite vanité. Ne fait-on que nous désirer ? il n’y a encore rien de perdu. Il est vrai que la vertu s’en scandalise ; mais la vertueuse n’est pas fâchée du scandale.

Revenons. Vous êtes accoutumée à mes écarts.

Je vous disais donc que mon indépendance ne m’aurait pas été avantageuse, et Valville assurément ne m’envisageait pas sous cette idée-là ; ses égards ou plutôt ses respects en faisaient foi.

Il y a des attentions tendres et même timides, de certains honneurs qui ne sont dus qu’à l’innocence et qu’à la pudeur ; et Valville, qui me les prodiguait tous, aurait pu craindre de s’être mépris, et d’avoir été la dupe de mes grâces ; je lui aurais du moins ôté la douceur de m’estimer en pleine sûreté de confiance ; et quelle chute n’était-ce pas faire là dans son esprit ?

Le croirez-vous pourtant ? malgré tout ce que je risquais là-dessus, en ne donnant de mes nouvelles à personne, j’hésitai sur le parti que je prendrai. Et savez-vous pourquoi ? C’est que je n’avais que l’adresse d’une lingère à donner. Je ne pouvais envoyer que chez madame Dutour, et madame