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bienfaitrice m’en demanda la raison.

C’est, lui dis-je, que j’ai repris mes hardes, et que j’ai laissé chez madame Dutour toutes celles que vous m’avez vues, madame, afin qu’elle les fasse rendre à l’homme dont je vous ai parlé, de qui je les tenais. Ma chère fille, vous n’y perdrez rien, me répondit-elle en m’embrassant ; après quoi j’entrai : je revins la remercier à travers les grilles du parloir, elle partit, et me voilà pensionnaire.

J’aurais bien des choses à vous dire de mon couvent ; j’y connus bien des personnes ; j’y fus aimée de quelques-unes, et dédaignée de quelques autres, et je vous promets l’histoire du séjour que j’y fis : vous l’aurez dans la quatrième partie. Finissons celle-ci par un événement qui fut la cause de mon entrée dans le monde.

Deux ou trois jours après que je fus chez ces religieuses, ma bienfaitrice me fit habiller comme si j’avais été sa fille, et m’y pourvut, sur ce pied-là, de toutes les hardes qui m’étaient nécessaires. Jugez des sentiments que je pris pour elle ; je ne la voyais jamais qu’avec des transports de joie et de tendresse.

On remarqua que j’avais de la voix, elle voulut que j’apprisse la musique. La prieure avait une nièce à qui on donna un maître de clavecin ; ce maître fut le mien aussi. Il y a des talents, me dit cette aimable dame, qui servent toujours, quelque parti qu’on prenne ; si vous êtes religieuse, ils vous distingueront dans votre maison ; si vous êtes du monde, ce sont des grâces de plus, et des grâces innocentes.

Elle me venait voir tous les deux ou trois jours, et il y avait déjà trois semaines que je vivais là dans une situation d’esprit très difficile à dire ; car je tâchais d’être plus tranquille que je ne l’étais, et ne voulais point prendre garde à ce qui m’empêchait de l’être, et qui n’était qu’une folie secrète qui me suivait partout.

Valville savait sans doute où je demeurais ; je n’entendais pourtant point parler de lui et mon cœur n’y comprenait rien. Quand Valville aurait trouvé le moyen de me