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que je ne vinsse jamais à Paris, où je n’aurais pu prendre les airs d’une fille de condition, ni vivre convenablement à sa vanité et au rang qu’elle y tenait, lui témoigna combien elle lui serait obligée si elle pouvait adroitement m’inspirer l’envie d’être religieuse. Là-dessus la veuve entreprend d’y réussir.

La voilà qui donne le mot à toute cette société de gens de bien, afin qu’ils concourent avec elle au succès de son entreprise ; elle redouble de caresses et d’amitié pour moi ; et il est vrai qu’une fille de mon âge, et d’une aussi jolie figure qu’on disait que je l’étais, ne lui aurait pas fait peu d’honneur de s’aller jeter dans un couvent au sortir de ses mains.

Elle me retenait presque tous les jours à souper, et même à coucher chez elle : à peine pouvait-elle se passer de me voir depuis le matin jusqu’au soir. M. et madame Villot étaient charmés de mon attachement pour elle, ils m’en louaient, ils m’en estimaient encore davantage, et tout le monde pensait comme eux ; je m’affectionnais moi-même aux éloges que je m’entendais donner, j’étais flattée de cet applaudissement général ; ma dévotion en augmentait tous les jours, et ma mine en devenait plus austère.

Cette femme m’associait à tous ses pieux exercices, m’enfermait avec elle pour de saintes lectures, m’emmenait à l’église et à toutes les prédications qu’elle courait : je passais fort bien une heure ou deux assise et toute ramassée dans le fond d’un confessionnal où je me recueillais comme elle, où je croyais du moins me recueillir à son exemple, à cause que j’avais l’honneur d’imiter sa posture.

Elle avait su m’intéresser à toutes ces choses par la façon insinuante avec laquelle elle me conduisait.

Ma prédestinée, me disait-elle souvent (car elle et ses amies ne me donnaient point d’autre nom), que la piété d’une fille comme vous est un touchant spectacle ! Je ne saurais vous regarder sans louer Dieu, sans me sentir excitée à l’aimer.

Eh ! mais sans doute, répondaient nos amis, cette piété