Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/57

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Lucile.

Vous êtes bien galant.

Damis.

Non, je ne suis qu’historien exact ; au reste, madame, je vous raconte ceci dans la bonne foi, pour nous entretenir et sans aucun dessein.

Lucile.

Oh ! je n’en imagine pas davantage ; poursuivez. Qu’arriva-t-il entre la dame et votre ami ?

Damis.

Qu’il l’aima.

Lucile.

Cela était embarrassant.

Damis.

Oui, certes ; car il s’était engagé à se taire aussi bien que moi.

Lucile.

Vous m’allez dire qu’il parla ?

Damis.

Il n’eut garde à cause de la parole donnée, et il ne vit qu’un parti à prendre, qui est singulier ; ce fut de lui dire, comme je vous disais tout à l’heure, ou je vous aime, ou je ne vous aime pas, et d’ajouter qu’il ne s’enhardirait à dire la vérité que lorsqu’il la verrait elle-même un peu sensible ; je fais un récit, souvenez-vous-en.

Lucile.

Je le sais ; mais votre ami était un impertinent, de proposer à une femme de parler la première ; il