Page:Marlès - Histoire de l’Inde ancienne et moderne, 1828, tome 6.djvu/188

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avec les provisions ; Chaja cheminait auprès d’elle. Comme ils ne pouvaient faire que de très-petites journées, leur argent fut bientôt épuisé, et ils se trouvaient, tout-à -fait sans ressources lorsqu’ils arrivèrent aux frontières du grand désert qui sépare la Tartarie du Caboul.

Au moment de s’engager dans ces solitudes sauvages, ils éprouvèrent quelque irrésolution ; mais ils s’imaginèrent qu’il y avait de la honte à retourner sur leurs pas, à rentrer dans leur pays plus pauvres encore qu’ils n’en étaient sortis, et ils s’enfoncèrent dans le désert. Les fatigues qu’ils eurent à supporter furent infinies ; le défaut d’alimens durant trois jours entiers avait détruit toutes leurs forces. La femme pouvait à peine se soutenir à cheval, le mari se traînait et ne marchait plus ; la chaleur était accablante : ils s’arrêtèrent au pied d’un arbre solitaire qu’ils rencontrèrent heureusement et qui leur procura un peu de fraîcheur et d’ombrage ; mais la femme ne fut pas plus tôt descendue de cheval, que les douleurs de l’enfantement la prirent ; au bout de peu d’instans une petite fille eut re^u le jour.

Ils attendirent en ce lieu quelques heures dans l’espérance qu’il passerait des voyageurs ; personne ne parut, et comme le soleil commençait à baisser, ils songèrent à se remettre en route pour gagner le plus prochain caravan-