Page:Marlès - Histoire de l’Inde ancienne et moderne, 1828, tome 6.djvu/192

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celle qui excitait en lui de si doux transports ; il imaginait, il pressentait qu’elle devait être aussi belle que sa taille, son air, ses mouvemens lui semblaient séduisans. Que n’eût-il pas donné pour soulever le voile incommode qui lui cachait une figure sans doute céleste ?

Mher-oul-Nissa observait le prince, et lisait dans ses yeux les désirs qui le dévoraient. Au moment où ses regards passionnés se fixent sur elle, le voile glisse, tombe ; Mher-oul-Nissa se montre dans tout l’éclat de la beauté ; elle demeure en apparence interdite, confuse d’un accident qui livre ses ti’aits à l’œil d’un étranger ; le sien, déconcerté, tremblant, se lève timidement sur le prince, et achève de porter le trouble dans son cœur. L’amoureux Sélim ne cacha pas au grand-trésorier l’impression qu’il avait reçue ; mais Chaja avait promis sa fille à l’omrah Schère-Afkoun : il résista aux prières du prince. Sélim s’adressa pour lors à l’empereur ; Akber ne voulut point contraindre son ministre à devenir parjure, et il défendit à Sélim de penser davantage à une union impossible ; Mher-oul-Nissa devint l’épouse de Schère. C’était un Turkoman, fier de son extraction, de ses exploits et de sa renommée. Il avait passé au service du roi de Perse une partie de sa jeunesse, et il s’y était distingué par une bravoure extraor-