Page:Marlès - Histoire de l’Inde ancienne et moderne, 1828, tome 6.djvu/191

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devint par la suite actimad-oul-dowla, ou grand-trésorier de l’empire. Comme il n’abusa ni de son crédit ni de sa fortune, il se fit des amis et acquit la considération publique. Sa fille, abondamment pourvue des grâces corporelles, reçut par ses soins la plus brillante éducation. On lui donna le nom de Mher-oul-Nissa (soleil des femmes) ; on pouvait en effet la regarder comme l’ornement et l’honneur de son sexe, autant pour sa beauté que pour ses talens variés et ses connaissances. Quant à son caractère, il était fier et jaloux de l’indépendance ; son humeur était vive et légère.

Le prince Sélim, fils aîné d’Akber et déjà désigné pour succéder à l’empire, alla voir un jour le grand-trésorier qui, pour honorer son noble convive, lui prodigua les soins et les fêtes. Lorsque après le banquet tous les convives se furent retirés à l’exception du prince, on apporta du vin et des coupes, et les femmes du harem vinrent exécuter des chants et de danses. Parmi elles se trouvait Mher-oul-Nissa. Elle ne put voir le prince sans éprouver le désir de s’en faire aimer ; elle n’y réussit que trop bien. Elle chanta plusieurs airs en s’accompagnant de divers instrumens, ensuite elle déploya sous ses yeux tous les charmes d’une danse tendre et voluptueuse. Le prince était hors de lui ; il brûlait de voir les traits de