Page:Marlès - Histoire de l’Inde ancienne et moderne, 1828, tome 6.djvu/194

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dit rien. Alors trois omrahs se présentèrent à Jéhan-Ghire pour demander que l’honneur de l’entreprise leur fût déféré. L’orgueil de Schère s’irrite ; il cesse de voir le but secret de l’empereur, et ne songeant qu’à sa gloire, il offre de combattre le tigre corps à corps et sans armes. Jéhan-Ghire fit de feints efforts pour l’empêcher de s’exposer à cette lutte dangereuse ; Schère jeta son épée, marcha vers le tigre, l’attaqua, le vainquit et le tua.

Peu de temps après avoir échappé de ce danger, Schère eut à se défendre contre un éléphant en rut, qu’on lâcha sur lui dans une rue très-étroite par laquelle il passait sur son palanquin. L’empereur se tenait à sa croisée, et il eut le chagrin de voir Schère triompher encore. Celui-ci ne pouvant guère alors se dissimuler qu’on en voulait à sa vie, partit pour son château de Bourdwan. L’empereur n’osa pas le retenir ; mais le soubah du Bengale, Kouttoub, qui était dans la confidence, résolut de tout tenter pour délivrer Jéhan-Ghire de ce rival incommode. Quarante soldats, gagnés par le soubah, se chargèrent d’assassiner l’époux de Mher-oul-Nisa ; ils parvinrent même à s’introduire dans sa maison, et jusque dans sa chambre ; ils le trouvèrent endormi. L’un d’eux, quand les autres se disposaient à le frapper, s’écria d’une voix forte : « Eh quoi !