Page:Marot - Les Œuvres, t. 2, éd. Guiffrey, 1875.djvu/143

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Lors que dedans son grand Char Stygieux
Il emmena Proserpine aux beaulx yeux.
Son corps ardant, enflambé de nature
Il a tout nud, sans quelcque couverture,
Mais le cueur cault, et courage qu'il porte,
Se vest de maint, et variable sorte:
Et d'advantage, en soubzlevant en l'Air
Les membres siens, par ung subtil voller
Aux Nymphes va, puis aux hommes descend:
Et quand receu de bon gré il se sent,
Son siege faict plus chault que feu de Pailles
Au plus profond de leurs Cueurs, et Entrailles.
Petit, et court est son arc amoureux:
Mais le sien Traict mortel, et rigoreux
Va de droict fil jusques au Firmament,
Depuis qu'il est descoché fermement.
Sur son Espaule ardente, et colorée
Tu voirras pendre une Trousse dorée,
Et au dedans ses pestiferes Traictz,
Dont le cruel Abuseur plein d'attraictz
A bien souvent faict mainte playe amere,
Mesmes à moy, qui suis sa propre Mere.
Griefve chose est tout ce, que j'ay dit ores,
Mais voyci (las) plus griefve chose encores:
Sa dextre main jecte, et darde ung Brandon,
Qui brusle, et ard sans mercy, ne pardon
Les pauvres Os. Brief, de son Chault extrême
Il brusleroit le bruslant Soleil mesme.
Si tu le peulx donc trouver, et attaindre,
Et de Cordons à fermes nœudz estraindre,