Page:Marot - Les Œuvres, t. 2, éd. Guiffrey, 1875.djvu/142

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Incessamment estincellent, et ardent:
Et son penser cauteleux, et frivolle
Jamais ne suit sa doulcette parolle.
Certainement le son de sa faconde
Passe en doulceur le plus doulx Miel du Monde:
Mais le droit sens, et la cause effective
Correspond mal à sa voix deceptive.
Si en colere il se prend à monter,
Il porte ung cueur impossible à dompter:
Et de son Bec il sçait (tout au contraire)
Tromper, seduire, et en ses laz attraire
Les cueurs remplis d'aspre severité,
Sans que jamais confesse verité.
Certes il est Enfant plein de jeunesse,
Mais bien pourveu d'astuce, et de finesse.
Souvent se joue, et faict de l'inscient:
Mais en jouant tasche à bon escient
Faire son cas. Sur son dos oultreplus
Pendent en ordre ungs Cheveulx crespelus:
Et en sa Face, ayant fiere apparence,
Jamais n'y a honte, ne reverence.
Apres il a (si bien vous l'espiez)
Petites Mains, avecques petiz Piedz:
Mais toutesfoys en hault, ou bas endroict
D'ung petit Arc tire fort long, et droict.
Jadis frappa de Flesche, et Vireton,
Jusque aux bas lieux le cruel Roy Pluton:
Et des Enfers les Umbres, et Espritz
Veirent leur Roy d'Amour vaincu, et pris,