Page:Marot - Les Œuvres, t. 2, éd. Guiffrey, 1875.djvu/145

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Le fécond Chant d’Amour fugitif de l’inuention de Marot
(De la Suyte)

Le propre jour, que Venus aux yeux verts
Parmy le Monde alloit chantant ces Vers,
Desir de veoir, et d’ouir nouveaulté
Me feit courir après sa grand beaulté
Jusque à Paris. Quand fut en plain Carroy
Sus ung hault lieu se mist en bel arroy,
Monstrant en Face avoir cueur assez triste,
Ce neantmoins en Habitz cointe, et miste.
Lors d’une voix plus doulce, et resonnante,
Que d’Orpheus la Harpe bien sonnante,
Chanta les Vers, que dessus desclarons,
Plus hault, et cler, que Trompes, et Clairons :
Dont maintes gens eut alors entour elle.
L’ung y couroit : l’autre en une Tournelle
Mettoit le nez : tous Peuples espanduz
Droit là se sont à la foulle renduz
Pour veoir Venus, et ouyr son parler.
Son cry finy, se feit mener par l’Aer
Dedans son Char avec ses Grâces belles
Soubz le conduict de douze Columbelles :
Ce qui donna grand admiration