Page:Marot - Les Œuvres, t. 2, éd. Guiffrey, 1875.djvu/49

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Ung chascun sçait, qu’il fut le plus pollu
De tous plaisirs, et le plus dissolu :
Et quand par fraulde, et ses trahisons fainctes,
Il est venu de son nom aux attainctes.
Plusieurs grands faictz il feit en maintes Terres :
Mais qu’est ce au pris de mes bruictz et tonnerres ?
A tous mortelz le cas est evident,
Que si jugé n’eusse tout Occident
Estre petit, ainsi que Thessallye,
J’eusse pour vray (en vainquant l’Italye)
Tout conquesté sans occision nulle
Jusques au lieu des Columnes d’Hercules.
Mais (pour certain) je n’y daignay descendre :
Car seullement ce hault nom Alexandre
Les feit mes Serfz redoubtans mes merveilles.
Parquoy, Minos, garde que tu ne vueilles
Devant le mien, son honneur preferer.

Scipion


Entens ainçois, ce que veulx proferer,
Juge Minos.

Minos


Comment es tu nommé ?

Scipion


Scipion suis l’Affrican surnommé,
Homme Rommain, de noble experience.

Minos


Or parles donc : je te donne audience.

Scipion


Certes mon cueur ne veult dire, ou penser


(1) Lucien s’était borné à pla- autres compétiteurs, & Minos lui cer quelques mots feulement adjugelepremierrang.Telleeftla dans la bouche de Scipion pour verfîon fuivie par Marot. A titre réclamer la féconde place entre de rapprochement curieux, nous Alexandre & Annibal. Tout au rappellerons que Tite-Live dans contraire, dans les diverfes tra- fes Annales } liv. XXXV, imagine duftions de l’époque, latines ou une entrevue de Scipion & d’Anfrançaifes, qui fe font copiées fer- nibal à Éphèfe. Annibal décerne vilement, Scipion prononce un le premier rang à Alexandre, le long difcours,àl’inftar de fes deux fécond à Pyrrhus, & fe relègue