Page:Marot - Les Œuvres, t. 2, éd. Guiffrey, 1875.djvu/60

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Et quel peché se pourroit il trouver
Semblable au tien ? Point ne te peulx laver !
A tous humains certes est impossible,
D’en perpetrer encor ung si horrible :
Car beau parler, ny foy ferme, et antique,
Religion, ne Vertu autentique.
Des Peres sainctz n’ont sceu si hault attaindre,
Que ta fureur ayes voulu refraindre.
Des vrays disans Prophetes les oracles,
Ne de Jesus les apparens miracles
De faulx conseil ne t’ont sceu revoquer,
Tant t’es voulu à durté provoquer.
O gent sans cueur, gent de faulse nature,
Gent aveuglée en ta perte future,
En meurtrissant par peines, et foiblesses
Ung si grand Roy, de ton cousteau te blesses :
Et qu’ainsi soit, à present tu en souffres
Cruelle gehaine en feu, flambes, et souffres :
Si qu’à jamais ton tourment merité
Voys, et verras : et ta Posterité,
Si elle adhere à ta faulte importune,
Se sentira de semblable fortune :
Car il n’y a que luy, qui sceust purger
Le trop cruel, et horrible danger
De mort seconde : et sans luy n’auront grâce
Voz filz vivans, n’aucune humaine race.
Aucun juif pour tel faulte ancienne
N’a siege, champ, ny maison, qui soit sienne :
Et tout ainsi, que la forte tourmente
En pleine Mer la nasselle-tourmente,
Laquelle estant sans mast, sans voile, et maistre,
De tous les ventz à dextre, et à senestre
Est agitée : ainsi estes Juifz
De tous costez deschassez, et fuiz,
Vivans tousjours soubz tributaire reigle :
Et tout ainsi que le Cigne hait L’aigle,


Vers 133. Eft agitée : ainfi eftes vous Iaifç (a) .- (a) I. de Channey ; Éd. 1537.