Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/410

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Mais pour tumber à mon premier propos,
Ne me crains plus, je te pry, ne maulditz :
Car qui vouldra en eternel repos
Avoir de Dieu les promesses, et dictz,
Qui vouldra veoir les Anges benedictz,
Qui vouldra veoir de son vray Dieu la face,
Brief, qui vouldra vivre au beau Paradis,
Il fault premier que mourir je le fasse.

Confesse donc, que je suis bien heureuse,
Puis que sans moy tu ne peulx estre heureux :
Et que ta vie est aigre, et rigoreuse,
Et que mon Dard n’est aigre, ou rigoreux :
Car tout au pis, quand l’esprit vigoreux
Seroit mortel comme le corps immunde,
Encores te est ce Dard bien amoureux,
De te tirer des peines de ce Monde.


L’autheur

Quand Mort preschoit ces choses, ou pareilles,
Ceulx qui avoient les plus grandes Oreilles,
N’en desiroient entendre motz quelconques.
Parquoy se teut, et feit marcher adoncques
Son chariot en grand triumphe, et gloire,
Et le deffunct mener à Bloys sur Loyre :
Où les Manans, pour le corps reposer,
Preparoient Tumbe, et pleurs pour l’arroser.
Or est aux champs ce mortel Chariot,
Et n’y a Bled, Sauge, ne Polliot,
Fleurs, ne Boutons hors de la Terre yssus,
Qu’il n’amortisse en passant par dessus.
Taulpes, et Verms, qui dedans Terre hantent,
Tremblent de peur, et bien passer le sentent.
Mesmes la Terre en seurté ne se tient,