sonniers nous égaient, quand ils nous le montrent épris d’une femme plus âgée que lui de dix ans et mère de neuf enfants. C’est lui, et non le marquis son père, qui aida Madame la Duchesse et toute la famille ducale à gagner des sommes énormes (deux cent cinquante millions, disait-on) par la vertu des actions du Mississipi[1]. Et quand elle eut quitté l’Hôtel de Condé pour habiter le Palais-Bourbon, construit à grands frais par Girardini, c’est encore le comte de Lassay qui, pour être plus près d’elle, fit construire ce petit palais dont le nonce Maffei dit un jour (le propos ne fut pas perdu) qu’il semblait fait exprès pour être mis sur l’autre[2].
Aussi bien on ne prête qu’aux riches, et c’est peu de chose qu’un nom ajouté par inadvertance à la liste des amies du marquis de Lassay. Marié trois fois, et amoureux Dieu sait combien plus souvent, Armand de Madaillan de Lesparre, marquis de Lassay, eut, de son temps, une réputation bien établie d’homme à bonnes fortunes, que ses lettres ne sont pas faites pour démentir[3]. Il nous y apprend lui-même les noms de quelques-uns de ses caprices : ici la princesse de Hanovre[4], là Mlle de Benouville[5], là Mme de Nesle et Mlle de Pirou[6] ; et il en eut encore bien d’autres, dont il ne nous a pas fait confidence. Tant y a qu’on risque
- ↑ Lettre de la Palatine, 9 janvier 1720.
- ↑ Dangeau (add. à Saint-Simon), XIV, p. 423.
- ↑ Il reconnaît lui-même que sa « conduite a paru folle et légère en des occasions importantes ». (Recueil de différentes choses, éd. 1756, II, p. 315.)
- ↑ Voir infra, p. 107 ; cf. 63 sq.
- ↑ Recueil, II, p. 66 (sur une prétendue promesse de mariage qu’il lui aurait faite). C’est probablement d’elle qu’il eut le fils illégitime dont il parle dans une lettre à Monsieur le Prince, ibid. II, p. 151.
- ↑ Ibid. II, p. 85. — Voir infra, p. 146.
