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Page:Martha - Le Poème de Lucrèce.djvu/20

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les diverses attitudes de la confiance paisible, de l’espérance satisfaite, de la résignation sombre, de L’indifférence découragée. C’est donc avec la man- suétude d’un simple spectateur, avec une curiosité respectueuse pour la grande âme et les égarements sincères de Lucrèce, que nous nous proposons d’étudier son hardi poëme et de l’étudier en toute liberté. Aussi bien, l’épicurisme, sous sa forme antique, est réfuté depuis des siècles. Il a eu la chance, pour lui fâcheuse, de rencontrer des adversaires, tels que Cicéron et Fénelon, sachant donner à leurs coups non-seulement la vigueur qui renverse, mais encore la bonne grâce qui empêche de plaindre le vaincu. Il ne se trouvera plus un Gassendi pour le relever du discrédit où il demeure à jamais enseveli. En effet, la science physique sur laquelle le système repose n’est que le roman de la nature, roman peu vraisemblable et qui n’a pas toujours le mérite de divertir. Sa théologie est d’une simplicité si enfan- tine qu’on se demande si elle est vraiment sérieuse. Sa morale, sans être volontairement corruptrice, est du moins équivoque et a le tort de mettre trop à l’aise tous ceux à qui il importe que le mot de vertu ne soit pas clairement défini. Enfin, les argu- ments qui paraissent les plus redoutables dans le système, ceux qui sont dirigés contre la Providence et le gouvernement divin du monde, ne sont plus