Page:Martin du Gard - Le Cahier gris.djvu/82

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Jenny, et, se baissant, il l’appela, d’une voix douce comme un chant :

— « Jenny ! Jenny ! Dearest ! Me connaissez-vous ? Me connaissez-vous ? »

Les prunelles égarées, fixées au plafond, virèrent lentement jusqu’au pasteur ; alors, s’inclinant davantage, il y coula son regard, si obstinément, si profondément, que l’enfant cessa soudain de gémir.

— « Laissez ! » dit-il alors aux trois femmes. Et comme aucune n’obéissait, il reprit, sans bouger la tête, avec une autorité irrésistible : « Donnez son autre main. C’est bien. Et maintenant, laissez. »

Elles s’écartèrent. Il demeura seul, penché sur le lit, enfonçant dans les yeux mourants sa volonté magnétique. Les deux bras qu’il tenait battirent l’air un long moment, puis s’abaissèrent. Les jambes continuaient à se débattre ; elles s’allongèrent à leur tour. Les yeux, soumis enfin, se fermèrent. Gregory, toujours courbé, fit signe à Mme de Fontanin de venir près de lui :

— « Voyez », grommela-t-il : « elle se tait, elle est plus calme. Chassez-les, je dis, chassez ces enfants de Bélial ! L’Erreur est seule dominante en eux ! L’Erreur tuera