Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 1.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fatigues de la journée et du souci des affaires ; il y oubliait avec plaisir les bassesses et les mesquineries de la plupart de ses administrés.

Les longues et lointaines absences de Vincens jetaient seules une ombre de tristesse sur ces jours heureux, puis vint en 1738 la mort qui prit le mari et ouvrit à la femme de nouvelles destinées et l’on sait déjà que Madame Vincens devint Madame Dupleix.


La famille Vincens fut hors de doute celle que Dupleix aima d’une affection sans réserve ; il n’aurait pu cependant la fréquenter à l’exclusion de toutes autres sans susciter quelques médisances, encore que rien ne les justifiât ; aussi n’avait-il fermé à personne l’hôtel de la direction. La nature de ses fonctions l’obligeait d’ailleurs à recevoir très largement. Il recevait Français et étrangers avec une égale bonne grâce ; Sichtermann et Braddyl vinrent quelquefois le voir et il offrit souvent une hospitalité prolongée à quelques négociants anglais de Calcutta. Il tenait à les bien traiter, mais ce n’était pas sans quelques sacrifices personnels.

Alors que le Gouverneur de Calcutta était meublé et éclairé et avait en outre 500 roupies par mois, sa table et tous ses domestiques blancs et noirs payés, la batterie de cuisine, la vaisselle de table, et le linge aux dépens de la Compagnie, Dupleix, avec 222 roupies, devait faire face à toutes ces dépenses et meubler encore la loge. « Il eut volontiers, disait-il, abandonné son traitement à la Compagnie, si elle eut voulu payer les dépenses de sa table, les domestiques, la chandelle et enfin ce qui dépend d’un ménage. »

Déjà en son rapport de 1727, il se plaignait que le directeur du Bengale ne fut pas en état de recevoir les