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pouvoir admettre l’intrusion du roi de Portugal, par l’intermédiaire de l’un de ses évêques, dans des nominations exclusivement françaises. Il rappela en terminant une protestation du Procureur général du Conseil, en date du 20 août 1710, contre un écrit du P. Baudru par lequel il se disait curé de Chandernagor.

Malgré la sécheresse des procès-verbaux, il est permis de supposer que la discussion dut être assez vive, les questions ecclésiastiques étant de celles qui laissent peu d’hommes indifférents. On peut aussi penser que, loin de rapprocher Dupleix et Lenoir, elle ne fit qu’accentuer le désaccord entre ces deux hommes et préparer les conflits qui divisèrent les deux comptoirs.

En attendant, le gouverneur donna l’ordre d’embarquer le P. Anselme, capucin, pour desservir la cure et l’aumônerie de Chandernagor, conjointement avec le P. Albert Saldin. « Nous ne voulons pas absolument, écrivit-il à ce sujet, que les Jésuites desservent la chapelle de la loge, jusqu’à ce que la Compagnie ait décidé ; nous la mettrons en état de soutenir ses droits contre l’usurpation de ces Pères » (lettre du 31 juillet).

Le P. Anselme s’embarqua le 1er août par la Vierge de Grâce. Dupleix le suivit huit jours plus tard par le Saint-Pierre. En même temps qu’ils partaient l’un et l’autre, le Conseil supérieur envoyait une nouvelle lettre à l’évêque de Saint-Thomé où, tout en l’informant de la mesure prise et exécutée, il le priait à nouveau de vouloir bien donner au P. Anselme les pouvoirs demandés en son nom.


2. Les embarras du P. Saldin.

C’est dans ces conditions, que Dupleix arriva à Chandernagor. L’attitude prise par lui au Conseil supérieur